Je caressais les herbes hautes
Où j’écrasais des fourmis volantes,
Avec mes pieds nus, je sentais
La terre avec sa fraîcheur,
Sa mousse, ses roches et son eau.
Je pourchassais les ratons-laveurs
Pour attraper leurs queues,
Je sautais avec les sauterelles
Et admirais les abeilles pleines de pollen.
Je marchais le long de l’allée mystérieuse
Où l’herbe, au milieu, se faisait un chemin,
Le son du vent me parlait
Je fermais mes paupières
Et me laissais emporter,
Dans un autre univers,
Celui du bonheur et de la douceur
De la vraie vie.
Je regardais pousser les pins bleus
Et ramassais leurs pommes,
J’observais les écureuils et les marmottes.
Je dormais avec le chant des grillons
Et me réveillais avec les chants matinaux
M’annonçant une belle journée.
Je travaillais la terre,
Pour y cultiver des herbes
Et en chasser les mauvaises.
Je laissais les feuilles mortes
Pour leur chaleur et leur odeur.
Je mangeais les mûres sauvages
Et les moustiques me dévoraient.
Je cueuillais les pétales de roses sauvages
Et elles me piquaient.
Les avions traçaient leur trajectoire
Dans un ciel pur.
Je me battais avec les chauves-souris
Et elles me frôlaient la tête.
Je m’éclaboussais dans la boue
Et les grosses flaques.
Je dessinais des fleurs,
Des trylliums et des violettes.
Je peignais des couchers de soleil,
Des lunes, pleines et demies.
Mais je ne regrette pas
D’avoir pris le tonnerre,
La foudre et les éclairs.

Mina Danesh, Octobre 1996